Avec le 1er dimanche de l’Avent, s’ouvre la nouvelle année liturgique au cours de laquelle
l’Évangile selon saint Matthieu sera proclamé et médité chaque dimanche.

 

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Introduction à l'Évangile selon Saint Matthieu
par Marie-Claire

Qui est l’auteur de l’Évangile que la tradition attribue à Matthieu ?

Quelques traits de l’Évangile selon saint Matthieu :
     Un Évangile « écclésial » 
     Un Évangile enraciné dans l’Ancien Testament
     Un Évangile bâti autour de cinq discours de Jésus

Les récits de l’enfance de Jésus (Mt 1-2)
 L’évangile de l’enfance rapporte cinq évènements principaux :
     La genèse de Jésus
     L’annonce à Joseph
     La visite des mages
     La fuite en Egypte et le massacre des innocents
     L’établissement à Nazareth

Par Paule

Pourquoi la généalogie de Jésus ?

 

 

 

 

 

 

 



Qui est l’auteur de l’Évangile que la tradition attribue à Matthieu ?
La tradition chrétienne attribue le premier évangile à Matthieu « le publicain » appelé par Jésus à faire partie des Douze.
Cet apôtre a sans doute joué un rôle fondateur dans la première rédaction du document de base. Mais le rédacteur final de cet évangile possède une culture biblique dépassant de beaucoup celle d’un collecteur d’impôts. L’évangéliste est un scribe juif, devenu chrétien et responsable d’une Eglise. Rôdé aux méthodes juives d’interpréter les Ecritures, il met sa science de l’Ancien Testament au service du message de Jésus. [Retour>>]

Quelques traits de l’Évangile selon saint Matthieu :
Un Évangile « écclésial » :

Écrit dans les années 80, il est le seul à prononcer le mot Église ;on y voit Jésus poser les principes de la vie en communauté (Mt 10). Il évoque aussi le temps de l’Église lorsque Jésus sera parti (Mt 24–25). La perspective du jugement et du retour du Seigneur, souvent évoquée, met chacun et la communauté devant  l’importance des choix.
Le message de l’Évangile est clair : c’est désormais à l’Église d’assumer la responsabilité d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus le Christ aux nations.
Le dernier verset est un envoi en mission : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et apprenez- leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde
» (Mt 28, 19-20). Cet envoi est propre à Matthieu. [Retour>>]

Un Évangile enraciné dans l’Ancien Testament :
S’adressant à des chrétiens d’origine juive, l’évangéliste veut ainsi montrer que Jésus est bien le Messie annoncé et attendu par Israël et qu’il y a une continuité dans l’histoire de Dieu avec les hommes.
Un Évangile qui, plus que tout autre, met en scène la rupture de Jésus avec les autorités religieuses de son temps :
Scribes, pharisiens, sadducéens. Cette insistance reflète sans doute ce que vivait la communauté de Matthieu, après la destruction du Temple en l’an 70. Le judaïsme se reconstruisait peu à peu autour de la synagogue et les tensions devenaient plus vives avec les premières communautés chrétiennes qui prenaient leur indépendance et se posaient en concurrentes du monde juif.
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Un Évangile bâti autour de cinq discours de Jésus :
Matthieu est un enseignant ; il a regroupé les paroles de Jésus en cinq grands discours. Il insiste sur la nécessité de comprendre la Parole et pas seulement de l’écouter.
Ces discours alternent avec des récits qui traduisent concrètement les enseignements de Jésus. [Retour>>]

Les récits de l’enfance de Jésus (Mt 1-2)

Comme Luc, Matthieu préface son évangile par deux chapitres sur l’enfance de Jésus. Ces récits ont été rédigés tardivement, après le reste de l’évangile. Ils témoignent de la foi des premières communautés chrétiennes et sont écrits à la lumière de l’évènement pascal. Ils ont pour but de nous donner, dès le début de l’évangile, l’identité de Jésus qui s’est dévoilée pleinement dans sa mort et sa résurrection. [Retour>>]

L’évangile de l’enfance selon Matthieu rapporte cinq évènements principaux :
La genèse de Jésus :

Il est important pour Matthieu d’enraciner la vie de Jésus dans l’histoire d’Israël. La généalogie de Matthieu présente Jésus comme « fils de David », c'est-à-dire Messie royal, et comme « fils d’Abraham », héritier de la bénédiction pour toutes les nations. [Retour>>]

L’annonce à Joseph :
Il s’agit par ce récit de rappeler que Jésus est vraiment descendant légitime de David par Joseph et « Fils de Dieu » par l’action de l’Esprit Saint. L’intervention de l’ange est donc surtout pour informer Joseph de son rôle dans le plan de Dieu : donner à Jésus une identité sociale en lui donnant un nom et l’inscrire dans la descendance de David, en prenant chez lui Marie son épouse. Matthieu voit dans cet événement l'accomplissement de la prophétie de l'Emmanuel (Isaïe 7,14). Dans sa manière de bâtir la généalogie du Christ, de faire intervenir l’Ange du Seigneur ou de citer la prophétie d’Isaïe, l’évangéliste offre au lecteur une perspective résolument théologique : c’est Dieu seul qui nous révèle qui est le Christ ; c’est Dieu qui nous invite à voir en Jésus le Sauveur, l’Emmanuel. [Retour>>]

La visite des mages (*) :
Matthieu écrit pour une communauté de chrétiens issus du judaïsme qui ont du mal à accueillir les païens. L’épisode des mages est l’histoire d’une rencontre entre Jésus et des païens. Logiquement, ils n’auraient jamais dû se rencontrer. Mais ces païens se sont mis en route et suivent leur étoile. Mais à elles seules leurs recherches ne suffisent pas pour trouver l’enfant. Il faut que les mages s’arrêtent auprès de ceux qui sontles dépositaires des écrits prophétiques. Après avoir écouté la Parole de Dieu, les mages continuent leur chemin toujours guidés par leur propre étoile. Et ils éprouvent une grande joie. La parole des scribes n’a pas remplacé leur propre sagesse ni leur quête personnelle ; simplement, elle leur a indiqué la route ; elle en a révélé le sens. Il y a alors l’adoration de l’enfant à qui ils offrent le meilleur d’eux-mêmes. Et quand on a rencontré Jésus Sauveur, on ne repart pas tout à fait par le même chemin. [Retour>>]
(*) Pour un temps de partage spirituel sur le récit des mages, se reporter au livret bleu Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu zoom 1 p 12 et suivantes.

La fuite en Égypte et le massacre des innocents :
En le faisant échapper miraculeusement au massacre des bébés par le tyran qui ne veut pas de lui, Matthieu présente Jésus comme le nouveau Moïse. [Retour>>]

L’établissement à Nazareth :
C’est par une nouvelle intervention de Dieu qui les invite à aller dans la « Galilée des nations » que Joseph s’installe à Nazareth avec sa famille ; ce sera le lieu de rencontre de Jésus avec son peuple et finalement, le lieu de l’envoi des disciples vers toutes les nations du monde. (Mt 28,16). [Retour>>]


Pourquoi la généalogie de Jésus ?

      L’Évangile selon Saint Matthieu s’ouvre sur la « généalogie » de Jésus. On trouve à différentes reprises dans les Écritures ce type de généalogies, (p. ex. Gen 5 et 11,…), et peut-être vous êtes-vous demandé comme moi, ce qu’elles venaient faire là et surtout ce qu’elles nous apportaient.

Deux réponses me viennent aujourd’hui.

      La première est logique et bien dans la veine du collecteur d’impôts qu’est Matthieu :
Le messie annoncé par les prophètes doit sortir de la maison de David, (Isaïe 11, 1) ; il s’agit donc tout simplement de prouver que Jésus est bien de la maison de David, en donnant la filiation, donc la carte d’identité, de Joseph, son père. En faisant remonter cette généalogie jusqu’à Abraham, Matthieu les inscrit en plus clairement, dans l’histoire de ce peuple de Dieu, élu et guidé par Lui, dans la continuité d’un Christ venu non pas abolir la loi, mais l’accomplir, (Mt 5, 17).

      La deuxième réponse découle de ce dernier constat : Joseph et Jésus inscrivent leur nom dans une lignée qui conduit jusqu’à eux. La généalogie de Jésus vient nous dire que chacun de nous ne vient pas de nulle-part pour aller vers nulle-part ; chacun de nous est un élément d’une chaîne commencée en Dieu, et dont le but est Dieu.
Ce n’est pas une pensée anecdotique, cela nous donne des obligations et une responsabilité, à la fois envers ceux qui nous ont précédés et de ceux qui nous suivront.
Cela fait échos avec certains passages de l’encyclique du pape François, 'la joie de l’amour', où on peut lire au §192 « ...Leurs (celles des personnes âgées et des grands-parents en particulier) paroles, leurs caresses ou leur seule présence aident les enfants à reconnaître que l’histoire ne commence pas avec eux, qu’ils sont les héritiers d’un long chemin et qu’il est nécessaire de respecter l’arrière-plan qui nous précède. Ceux qui rompent les liens avec l’histoire auront des difficultés à construire des relations stables et à reconnaître qu’ils ne sont pas les maîtres de la réalité. » Et au §193 « L’absence de mémoire historique est un sérieux défaut de notre société. Il s’agit de la mentalité immature du ‘c’est du passé’. (…) Une famille qui ne respecte pas et ne s’occupe pas des grands-parents, qui sont sa mémoire vivante, est une famille désintégrée ; mais une famille qui se souvient est une famille qui a de l’avenir. »

      Un dernier aspect m’interpelle dans cette généalogie :
A chaque fois qu’il est fait mention d’une femme « ...de son union avec... », il est question d’une union illégitime. Le fruit de ces unions est aussi important dans la chaîne que les autres ; un seul maillon manquant brise cette chaîne. Il ne s’agit pas bien-sûr de faire l’apologie de l’infidélité, mais bien celle de la vie donnée. Toute vie humaine est sacrée, quelle que soit la façon dont elle a commencé, et porte en elle l’image de Dieu et toutes les promesses de ressemblance de Dieu, à travailler, à réaliser au cours de son existence.
C’est pourquoi il ne nous appartient pas de juger de la valeur d’une vie humaine, quelle qu’elle soit, ni à quelque moment que ce soit. [Retour>>]


A suivre le mois prochain ...

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